
Voilà, il est minuit moins cinq. J’attends dans un froid relatif, le début de ma vague. J’ai fait une préparation Ironman déjà solide en cette fin d’année qui m’amènerait sans nul doute à faire un Ironman actuellement aussi bien que ce que j’ai déjà fait par le passé, peut-être même mieux. Je pars donc relativement confiant sur cette Saintélyon 76km tablant entre 8 et 10h.
Ah l’optimisme, c’est beau de rêver.
Je voulais la Saintélyon la plus éprouvante qui soit, je pense que j’ai été servi. Si je fais une analogie avec le jeu de carte éponyme : je pensais faire de cette course ma présidente, elle a fait de moi son trou du cul. Et pourquoi ? Parce que tout simplement je n’ai pas écouté l’un des trois principes fondamentaux de l’entrainement : la spécificité.
Ils sont au moins au nombre de trois, mais je trouve qu’à eux trois déjà, ils décrivent plutôt bien ce à quoi un entrainement devrait ressembler.
- La spécificité : Avoir un entrainement qui est le reflet de l’épreuve en compétition
- La régularité : Avoir un entrainement qui est basé sur une routine, avec une certaine fréquence de séances par semaine.
- La progressivité : Avoir un entrainement graduel qui crée les adaptations corporelles et mentales.
Et je les placerais dans cet ordre parce que sans spécificité, ça ne sert à rien d’être régulier et sans régularité, il n’y a de toute façon pas de progressivité.
Et mon erreur monumentale a été de croire que de courir 3h par semaine sur du bitume allait m’épargner le supplice vécu dans la boue parce que « mes jambes sont durement entrainées par le vélo déjà ».
Bon aller en vrai, je savais très bien que j’allais en baver et que s’il pleuvait et qu’il y avait de la boue, j’allais très certainement trouver l’épreuve inhumaine. Et ça n’a pas raté. Je connais le principe de spécificité mais je savais pertinemment de toute façon qu’il était difficile d’être spécifique pour une course comme ça en s’entrainant à Paris. Il faut savoir aussi que la Saintélyon, ce n’est pas que de la boue, c’est aussi de la montée (et pour ça le vélo a été bien utile), mais surtout de la descente, et de la descente technique, et là ça a été une toute autre histoire. Il ne s’agit plus d’être fort musculairement, mais il s’agit aussi d’avoir l’habitude de descendre, d’avoir de l’équilibre et des réflexes. Finalement tout ce dont on n’aurait pas besoin en triathlon (mouais).
Et c’est précisément là où je veux en venir : la spécificité, ce n’est pas seulement faire le sport en question, faire la distance ou le temps de la course, mais c’est aussi apprendre à se conditionner pour vaincre les évènements et l’environnement de la course. C’est enfin s’équiper spécifiquement en ayant un matériel adapté et avoir prévu les différents scénarios possibles. La spécificité c’est simplement se préparer à tout ce qui peut arriver en compétition ou lors des entrainements.